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Les Critiques du GrAaL

Le financement particitaf, l'avenir du Jeu de Rôle... [1/2]

22 Octobre 2015 , Rédigé par GrAaL Publié dans #Article de fond, #Jdr, #Jeu de Rôle, #Crowfunding, #Financement participatif

Le financement particitaf, l'avenir du Jeu de Rôle... [1/2]

Ce mois-ci, je m'attaque à un sujet qui a déjà fait couler beaucoup d'encre : le Financement Participatif, ou Crowfunding dans la langue de Shakespeare.

Liberté et facilité pour certains, abus et mercantilisme pour d'autre, le financement participatif ne laisse personne indifférents et il existe de nombreux sujets de discussions sur les forums rôlistes. Dans cet article de fond, découpé en deux parties, je donnerai mon point de vue sur le sujet. D'abord, je parlerai des points positifs et l'utilité de ce mode d'édition dans le monde du JdR. Par contre, la semaine prochaine je reviendrai sur les nombreux problèmes que le financement participatif apporte et sur les dérives qui en découlent.

Cet article ne se veut pas exhaustif et il est possible que certains points développés n'aient pas leur place dans une partie, mais plutôt dans l'autre. Je le rappelle donc, ce n'est que ma position sur le sujet.

Le financement particitaf, l'avenir du Jeu de Rôle... [1/2]

L'apparition de nombreux jeux

Avant l'apparition du financement participatif dans la sphère du Jeu de Rôle, on pouvait séparer les JdR en deux groupes. Ceux publiés par un éditeur et ceux amateurs que l'on pouvait récupérer gratuitement sur internet ou contre une faible contre-partie. Depuis, une flopée de micro-éditeurs ou d'auteurs directement se permettent de lancer leur propre univers avec un ou plusieurs ouvrages.

Cette nouvelle possibilité permet de donner naissance à un grand nombre de jeux de rôles qui n'auraient jamais vu le jour sans le financement participatif. Certains auteurs se sont, en effet, vus refuser la parution de leur monde par un éditeur de JdR un peu frileux. Mais ils étaient persuadés que l'univers, le système ou le pitch allait attirer les joueurs et les meneurs. Ils ont donc pris le taureau par les cornes et se sont lancés dans l'aventure du Crowfunding. Ils ont monté leur projet étape par étape puis on fait appel au public rôliste, créant par là même une communauté autour de ce jeu. Nous reviendrons sur ce point plus tard dans l'article.

Pour observer l'impact du financement participatif sur le milieu du JdR, il suffit d'observer les innombrables ouvrages publiés grâce à lui. Pour n'en citer que quelques-uns ; Vampire le Requiem 2nde édition, l'Agence Barbare, Dead Rift, Jadis, FU, Planète Hurlante, Knight ou encore Insectopia. Ce n'est que 10 univers, mais dans cette courte liste je n'ai pris en compte que les ouvrages publiés sur Ulule depuis mai de cette année. Et plus on remonte dans le temps et si l'on change de plate-formes de financement, on trouvera encore plus de JdR. Et je ne parle que des publications françaises.

De plus, cette profusion de jeux de rôle présente également l'avantage de couvrir un vaste panel d'univers, allant du classique Médiéval-Fantastique au Space Opéra en passant par les jeux OVNI et incomparables. Pour le prouver, reprenons la liste du paragraphe précédent. On a du Contemporain, du Med-Fan humoristique ou classique, du Post-Apo chevaleresque ou du Zombies. La plupart de ces JdR sont uniques dans leur univers, pitch et ambiance. Cette abondance permet à chaque joueur de se retrouver dans un monde qui lui parle et de soutenir le projet en participant à l'édition même de l'univers et ses ouvrages.


 

Le financement particitaf, l'avenir du Jeu de Rôle... [1/2]

La possibilité de prévoir les frais d'une édition

Lorsqu'on observe le nombre de jeux de rôle qui est publié grâce au financement participatif, on peut se demander pourquoi certains éditeurs ne donnent pas leur chance à ses jeux. La réponse est simple : le coût d'une édition.

Il faut savoir que publier un livre de JdR demande de nombreuses dépenses, allant des paiements des auteurs et illustrateurs, de l'impression de l'ouvrage ou l'envoie aux acheteurs. Je ne cite là que les étapes les plus connus, mais il en existe une multitude d'autres. Chacune va demander des coûts supplémentaires. Le point le plus important, et qui va demander le plus de dépense, est le tirage des manuels. Mais plus on aura d'ouvrages imprimé, moins les coûts seront importants à l’unité. Cela demanderait donc à l'éditeur de parier sur le succès d'un univers de jeu de rôle, sans avoir aucune certitude quant à la vente effective.

Heureusement le financement participatif réponds à cette problématique. En effet, l'auteur ou l'éditeur va pouvoir connaître l'intérêt du public autour de son univers. Plus il y aura d'engouement, plus de personnes pré-payeront pour ce JdR ce qui lui permettra d'avoir une base de commande de l'ouvrage. Grâce à cette information, il va pouvoir faire deux choses. La première, réaliser une commande d'impression plus proche de ses besoins. Si le projet a connu un succès limite, il ne fera qu'une faible édition de son jeu. Par contre, avec une forte participation, il pourra gonfler ses espérances et faire des impressions un peu plus importante que prévu, réduisant ses frais. La seconde utilité du financement participatif est d'avoir un capital d'avance pour les dépenses à faire. Sans les nombreuses participations aux projets, l'ensemble des coûts est de la poche de l'auteur ou de l'éditeur. Dans le cas présent, il pourra payer les premières factures avec l'argent avancé ou alors réaliser un prêt avec la sûreté d'avoir un retour sur l'investissement.

Cette aide dans la réalisation d'un projet, l'édition d'un jeu de rôle, permet donc de prévoir au plus juste les frais et d'éviter de se planter lourdement. Les nombreuses raisons peuvent alors expliquer pourquoi certaines petites maisons d'édition se sont tournées vers le financement participatif et réussissent à continuer à vivre.

Le financement particitaf, l'avenir du Jeu de Rôle... [1/2]

La création d'une communauté soutenant le jeu

Ce qui fait la force d'un jeu au sens large est son univers, son style de jeu, ses personnages mais également sa communauté. Cette dernière lui permet de souder des joueurs autour et surtout de faire parler de lui pour faire grandir son succès.

L'avantage du financement participatif est multiple sur ce point. Dans un premier temps, il permet de présenter le projet dans son ensemble. Il donne alors les points forts de l'univers et du système. De plus, il expose les particularités du JdR par rapport à la pléthore d'autres ouvrages existants déjà. Avec ses nombreuses informations, le futur joueur ou meneur a déjà en main les bases de ce que sera le jeu. Il permet de leur faire réagir leur imaginaire, concevant des histoires, des campagnes ou des personnes sans avoir même une seule page sous la main. Un joli coup de force.

La seconde phase sera de réunir autour du projet l'ensemble des intéressés, mais sans avoir forcement à faire énormément de publicité dessus. Il ne faut pas se cacher, dans le milieu du JdR, le bouche à oreille fonctionne grandement. Donc, lorsqu'un jeu nous intéresse en financement participatif, on va en parler autour de nous. Essayer de le "vendre" auprès de nos connaissances, nos contacts et sur des forums. On va se faire le porte-parole de ce jeu pour que l'univers voit le jour. Cela va créer les bases de la communauté des joueurs/meneurs autour de ce JdR.

Le dernier élément et pas des moindres est l'inter-activité qui va se créer entre ceux qui attendent l'univers et les auteurs. Les premiers vont pouvoir facilement poser leurs questions, demander des précisions sur certains points de règles. Et les derniers pourront répondre rapidement aux attentes dans des comptes rendus, des mises à jour, voir des informations inédites pour les souscripteurs. Cette réactivité sera d'autant plus cruciale une fois le projet réussi. En effet, il permettra de renseigner sur l'avancé du projet pour tenir les joueurs/meneurs en attente. À ce sujet, il arrive même que l'éditeur montrent les étapes déjà effectuées sur la longue marche jusqu'à l'impression de l'ouvrage désiré.

On a donc dès le début un groupe qui va se former autour de l'univers, du jeu, et créer une base de futurs joueurs/meneurs. Ces derniers vont faire vivre d'eux-mêmes la communauté et s'agrandir. Cela permettra, une fois l'univers sorti, d'avoir des retours rapides et des échanges au sein de ce collectif. On pourra alors voir des feuilles personnages alternatives apparaître, des mini-aides de jeu non officiel pour faciliter la présentation de l'univers ou des règles, voir des scénarios s'échanger. Tout ce qui fait vivre et grandir un jeu de rôle.

 

 

Le financement particitaf, l'avenir du Jeu de Rôle... [1/2]

La présence des nombreux goodies

Lorsque les rôlistes se prennent d'affection pour un univers, ils aiment lui donner vie le plus possibles. Cela peut passer par l'achat de nombreux ouvrages décrivant le monde de jeu ou par la présence de nombreux goodies donnant une teinte particulière à ce JdR.

Dans un financement participatif, le créateur du projet va devoir définir différents paliers au-delà de la réussite simple de l'édition de l'ouvrage. Chacun va débloquer un élément particulier, qui peut aller d'une amélioration du livre de base, la présence d'un écran, la création de dés à l'effigie du JdR ou une carte de l'univers. Tous ces éléments vont donner aux souscripteurs des billes pour personnaliser leurs parties ou leur proposer un contenu exclusif qu'ils seront les seuls à posséder.

Plus les goodies seront nombreux et plus ils apporteront une plus-value sur la dépense de l’acheteur, moins il hésitera à participer. Je vais prendre un exemple flagrant de ce côté collectionneur et grands enfants du rôliste, le financement participatif de la 7ème édition de l'Appel de Cthulhu. Ce dernier a été un véritable succès. Mais une des raisons des nombreuses participations étaient la présence de goodies, plus ou moins inutiles, qui ont titillé les habitués de l'univers. Je dois reconnaître que c'est une des raisons pour laquelle j'ai moi-même souscrit alors que je possède déjà l'édition anniversaire de l'Appel de Cthulhu, et je sais que je ne suis pas le seul dans ce cas là.

Ces nombreux éléments annexes au jeu en lui-même vont contribuer aux succès d'une souscription. Par contre l'éditeur va devoir faire un calcul plus difficile pour proposer ses suppléments à participant du projet. En effet, ils ont tous un coût que l'éditeur va devoir contrebalancer de deux manières. La première sera dans les paliers de participations, soit par des paliers généraux élevés comprenant tous les bonus débloqués, soit par des paliers élevés seulement pour ceux qui les désirent. La seconde possibilité est dans les paliers à atteindre par le financement participatif. Dans ce cas, l'éditeur a réparti les dépenses entre l'ensemble des souscripteurs et demandera donc un certain nombre de contributeurs ou de dépenses pour rentrer dans ses frais.


 

Le financement particitaf, l'avenir du Jeu de Rôle... [1/2]

Il suffit de faire un tour sur les nombreuses plate-formes de financement participatifs et d'observer la multitude de projet en lien avec le jeu de rôle pour comprendre que ce mode d'édition semble être l'avenir. Chaque mois, on voit apparaître un nouvel univers, un supplément de jeu ou une campagne. Ces derniers attirants plus ou moins les foules et répondant parfois à des attentes du public rôliste. De plus, l'existence des communautés autour de ces JdR permet à l'univers de vivre de ses propres ailes. Il donne également l'occasion aux personnes intrigués d'avoir des interlocuteurs autres que les auteurs, rarement impartiales envers leurs ouvrages. Cela fournira, par ailleurs, à ce groupe un moyen d'échanger des idées, des aides de jeu personnelles ou des scénarios.

Mais la situation n'est pas aussi simple que ce que j'ai pu présenter jusque là. En effet, certains éditeurs ont trouvé le bon filon pour se la couler douce ou profiter de la situation. On peut donc observer certaines dérives et abus apparaître. Pour éviter certains longs débats qui tournent déjà en boucle, je préviens immédiatement que je ne citerai aucun jeu ou éditeur en particulier. Dans le prochain article, je reviendrai sur les problèmes qu'amènent le financement participatif dans le monde du jeu de rôle.

 

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